Le premier jour d'une
rencontre réunissant de nombreux jeunes qui ne se connaissent pas, on se
demande comment cela va pouvoir se passer...
On en a eu un aperçu,
hier soir lors de la présentation culturelle des délégations, puis ce
matin, lors de la cérémonie d'ouverture, à travers la qualité de
l'écoute et l'intérêt des questions posées...
On a bien vu que ces jeunes étaient venus se rassembler autour d'un objet commun : Prendre soin de leur planète...
Mais
pour que ce soit vraiment LEUR planète, il faut qu'il s'en emparent,
qu'ils participent, qu'ils agissent, qu'ils se fassent ambassadeurs de
leur génération. Tant de mots ambitieux et de belles phrases prononcés
ce matin, auxquels il faut donner une réalité. Citons Edith Sizoo : "You
are like a drop in the ocean... the ocean is nothing without a drop..."
Y
arriveront-ils ? Sont-ils vraiment venus ici pour exercer toute leur
responsabilité ? Ne sont-ils pas surtout présents pour profiter des
rencontres, et des occasions de faire la fête ?
Ce serait
mal les connaître, et c'est que nous avons pu vérifier lors des premiers
ateliers, aujourd'hui lundi 14 mai après-midi.
A midi, nous les
enseignants, les responsables de Monde Pluriel, les organisateurs...
bref, les adultes ; nous avons profité avec joie du repas bio, des
quiches aux carottes et autres taboulés, des délicieux gâteaux ; nous
avons plaisanté un peu, puis nous nous sommes réunis dans le hall du
Comité des Régions, et avons été accompagnés à l'extérieur des locaux, vers des ateliers "pour adultes".
Un peu perplexes, un
peu inquiets parfois, nous avons laissé les 80 jeunes seuls, entre eux,
dans les trois très beaux étages réservés à la Conférence. Mais
quelques-uns d'entre nous, discrètement, étions restés pour observer, et
rendre compte dans ce blog, ou sur Facebook, de ce qui se passait.
C'est
alors que l'équipe des "reporters" s'est mise à chercher les jeunes...
d'une minute à l'autre, plus aucun adolescent dans les couloirs, plus de
bruit, plus d'agitation... mais où sont-ils ?
On est alors allés
les chercher dans les six ateliers où ils s'étaient pré-inscrits :
Transports / Biodiversité / Consommation / Ressources naturelles /
Solidarités / Energie...
Et là, surprise : ils sont là, dans les
salles, presque cachés, presque invisibles, assis par terre, ou
installés sur des chaises, dans le petit cercle laissé libre par les
grandes tables des salles de conférences...
Au milieu des belles
installations, des écrans, des micros, des boiseries modernes, ils font
presque un clin d'oeil aux institutions et aux puissants : avec un bout
de papier (recyclé!), un bout de moquette et un peu d'anglais... on peut
changer le monde!
A tous les étages donc, ces jeunes travaillent.
Eh
oui, dans les six salles, de petits groupes réfléchissent, selon un
protocole guidé par les facilitateurs (les tee-shirts orange!) avec une attention et un sérieux impressionnants.
On
entend des phrases qui reflètent l'esprit de la Conférence : "It's time
to discuss", "You don't have to blame anyone", "we have to respect the
timetable"; "We are responsible"
Mais aussi, de premiers échanges
pour se rencontrer : "bless you... how do you say that in french ?"...
"A tes souhaits... Désolée je parle pas très bien anglais alors je peux
pas proposer vraiment des choses à l'atelier"... "Mais moi je parle un
peu français, même si je suis espagnole"... "ah, en espagnol justement
je me débrouille..."
Les liens se tissent de manière aussi informelle que formelle,
déjà. Où en seront-ils mercredi soir, quand les mots et les rythmes se
retrouveront dans une seule et même langue ?
Décidément, ils apprennent ici des choses que l'on ne peut pas souvent apprendre à l'école...
On
sent chez chacun le respect, et la volonté d'être à la hauteur de
l'événement : on écrit, on lit des propositions, on échange, on
conteste... ensemble, toujours ensemble, autour de la notion
d'engagement en faveur de la protection de la planète.
Ces ateliers
sont, rappelons-le, les toutes premières étapes d'un processus de trois
jours qui doit aboutir à la rédaction de la lettre.
Nul ne peut douter que cette lettre sera le reflet de TOUS les participants,
une véritable production collective,
un texte responsable,
le reflet d'une jeunesse modeste, appliquée et concentrée sur le monde que nous, les adultes, leur avons laissé...
Tout un programme!
Nathalie Broux
Litterature teacher in Lycée Jacques Feyder (Epinay-sur-Seine) and director of an experimental school for "dropout" pupils le Microlycée de la Courneuve
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