Par Evelyn Araripe (Youth Press Agency)
Traduit par Mariella Foscheri
Que se passe-t-il au cours des négociations sur le climat? D'une part, il y a les gouvernements qui tentent (sans succès) de créer un document commun qui puisse permettre de minimiser les impacts conséquents aux changements climatiques; d’autre part, il y a de nombreux représentants de la société qui défendent leurs idées et leur travail et qui veillent à ce que l'accord leur soit favorable. Cependant, au milieu de ce labyrinthe appelé la «société civile», participent aussi les industries dont les activités seront affectées par ce qui sera décidé lors de la Conférence sur le climat des Nations unies.
La Youth Reporter Angency a parlé avec Joachim Hein, représentant de la BDI – Groupement de l’industrie allemande - (Bundesverband der Deutschen Industrie). Hein nous a expliqué comment se définissent les différents points de vue dans les négociations, et nous a parlé de l’inquiétude face aux changements climatiques, de la responsabilité des industries et des difficultés de mise en œuvre de ce qui est proposé par les gouvernements.
Le BDI représente les associations des industries allemandes dans différents domaines. C’est précisément pour cette raison, nous explique Joachim, qu'il est très difficile d’avoir une position commune qui puisse vraiment représenter la vision de tous. Tout au cours de l’année, leurs associés ont tenu des réunions et des groupes de travail pour élaborer un document final contenant les arguments que l'industrie du pays estime qu'il est important de défendre dans le cadre des négociations sur le climat.
« Beaucoup de gens pensent que les industries ne se soucient pas du changement climatique, tandis qu’il est naturel qu’elles soient inquiètes parce que cela interfère dans la manière de produire et d’exister », dit-il.
Cependant, Joachim affirme que la chose la plus commune est que les citoyens accusent les entreprises sans pour autant donner de propositions efficaces sur la transition, la mise en œuvre ou sur le financement d’un modèle de production durable.
« Par exemple, la proposition de la création d’'énergie renouvelable à 100% d'ici 2050 est faisable? Bien sûr que oui. S'il y a un investissement, c’est possible. Mais comment investir? D’où viendra l'argent? Comment faudrait- il le réaliser? Comment intervenir pour que les investissements soient rentables? Il y a beaucoup de questions à traiter », dit-il.
En tant que représentant du secteur industriel allemand, Joachim explique aussi que son pays dispose déjà d'une législation environnementale stricte, qui demande déjà l’engagement des industries ; un point encore discuté pendant les négociations internationales. « Souvent, ce qui est proposé lors des COP est encore plus simple que ce qui se trouve dans la législation environnementale allemande » dit-il.
A la question sur ce qu'il pense du financement de la transition vers des modèles plus durables par une contribution des entreprises au Fonds Vert (un des débats qui prend de l'importance dans cette COP21), il nous répond qu'il est juste que le secteur privé contribue, mais il estime qu'il s’agit déjà d’une chose acquise. « En fin de compte, d'où vient l'argent public pour financer ce processus? Souvent, il provient des impôts payés par le secteur privé ». Alors Joachim suggère que les entreprises, au lieu de contribuer sur une base purement volontaire au Fonds pour le climat, soient obligées de payer une taxe dont le rendement soit entièrement attribué au Fonds.
Enfin, en parlant de la relation entre l'industrie et les organisations de la société civile, il déclare que les entreprises allemandes ont de très bons rapports avec certaines ONG, mais qu’elles rencontrent beaucoup de difficultés avec d’autres. Pour lui, la différence réside dans la capacité de se mettre à l’écoute. «Certaines ONG acceptent le dialogue, elles comprennent notre position et le fonctionnement des choses. Cela ne veut pas toujours dire qu'elles sont d'accord avec nous, mais au moins qu’elles nous écoutent .D’autres ONG protestent sans cesse, elles nous montrent du doigt pour dire que nous agissons mal, que nous sommes méchants, mais par contre, elles ne nous présentent aucune proposition efficace de solution », dit Joachim.
Pour lui, le rôle de la société civile, et surtout des jeunes, dans les négociations est extrêmement important - même s’il pense que trop souvent les jeunes sont concentrés sur l’action et non sur l’approfondissement du processus politique des négociations. « Nous avons besoin d’un plus grand nombre de jeunes intéressés par la politique, afin de négocier en profondeur les sujets qui sont sur la table », a-t-il conclu.